Le meilleur des mondes
Lorsque l’on cadre un paysage ou une photo animalière, on évite en général les câbles électriques, les bâtiments modernes, les déchets ou toute autre trace humaine indésirable, considérés comme des parasites visuels. Au contraire, on cherche à dépeindre une nature pure, que notre évolution n’aurait pas modifiée. Cependant, cette nature idéalisée n’existe plus : aucun lieu dans le monde n’est parfaitement vierge. Notre environnement est toujours marqué par la présence humaine, même si nous restons nostalgiques de ce qu’il était auparavant. Dès lors, fuir les traces de l’homme dans nos photos est tout aussi artificiel que l’environnement que nous avons créé au fil des siècles. Dans cette série, je questionne donc cette relation complexe entre l’homme et la nature. D’où l’inclusion ostentatoire de traces de l’homme, telles des empreintes dont on ne pourrait se débarrasser. D’un autre côté, ces traces n’apparaissent pas toujours agressives : elles interagissent graphiquement avec les lignes et couleurs des paysages. Ce nouveau monde que l’homme a façonné n’est en effet pas toujours une menace ; il s’agit aussi de déceler la beauté là où l’on ne voit d’ordinaire que des intrusions souillant la nature.